Hier soir, à Notre-Dame de Paris, Mgr Lustiger a éteint, un à un, les sept cierges allumés le 27 avril, pour les sept moines trappistes enlevés en Algérie. "Le Président français et son ministre des Affaires Etrangères ont déclaré qu'ils ne négocieraient pas avec le GIA, tranchant ainsi le fil du dialogue. Et nous avons de notre côté tranché la gorge des sept moines conformément à ce que nous avions promis de faire" : le message est terrible. Le communiqué, signé Djamal Zitouni, le chef présumé du GIA, a été reçu par une radio marocaine. Il n'a certes pas été authentifié par le Quai d'Orsay, mais l'espoir est bien mince de retrouver les religieux vivants. Le 26 avril dernier, un précédent communiqué du GIA menaçait Paris d'égorger les otages, si les militants du GIA emprisonnés en France n'étaient pas libérés.
Christian de Chergé, Luc Dochier, Paul Favre-Miville, Michel Fleury, Bruno Lemarchand, Christophe Lebreton et Célestin Ringeard, âgés de 50 à 80 ans, avaient choisi de rester au monastère de Tibhirine, dans la région de Médéa. Une région dangereuse, montagneuse, propice aux maquis. Il y a deux mois, le 27 mars, ils avaient été enlevés par les intégristes du GIA. Aujourd'hui, les autorités françaises se refusent à tout commentaire, tant que le communiqué n'aura pas été authentifié. Le Quai d'Orsay affirme cependant que cette nouvelle "si elle était confirmée, appellerait une réaction de stupeur, d'indignation et de condamnation". Le ministère des Affaires Etrangères appelle également tous les ressortissants français, y compris les religieux, à quitter l'Algérie. François Bayrou souhaite, lui, qu'un grand rassemblement ait lieu, qui réunirait tous les mouvements politiques et religieux, pour montrer leur "refus du fanatisme et du terrorisme". Le recteur de la mosquée de Paris, le docteur Boubakeur, s'est déclaré, pour sa part, "bouleversé".
Depuis 1993, 39 Français ont été tués en Algérie, dont 18 religieux.